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TRANSHUMANCE
Le poème triptyque de PATRICK MARCADET

"J'exploite le cadavre d'une longue forêt
pour un orgueil étrange, n'être pas oublié"
SIMINOMIS

TABLEAU 1

"Pour l'instant
Le squelette d'un dinosaure
Se profile dans le ciel noir."
Francis AUDOMAR

I-1
L'exhalaison morbide
Des nuits sûres de leurs charmes
Tisse des corolles d'ombre
Sur la face sanglante
D'un astre dérisoire

I-2
Et le matin renaît
Au rythme des carnages

I-3
Qui peut dire demain
A chaque aube naissante...

I-4
Visage absent
Corps asexué
Solitude maquillée
A l'outrage des ans
Les siècles se succèdent
Et chaque homme se meurt
Avant même d'exister.

I-5
Echo de la première ride
Au visage baigné
De lueurs d'infamie
C'est le jour qui se lève
Et pose sur chaque homme
Le masque effrayant
Du doute d'exister.


I-6
Le visage fardé
De la putain
S'éveille
Les matins s'ouvrent aux trottoirs
Volupté triomphante
Des sexes inassouvis

I-7
Etalage pervers
D'un monde
Sans cesse recommencé
A chaque aube naissante

Mais qui dira le temps
Désormais imparti
Aux mystificateurs ?

I-8
Sommeil interrompu
Sur la carte du tendre
Le poète éveillé
Crache des rimes amères
Pour faire semblant de vivre
Un peu moins chaque jour.

I-9
Tout un peuple mort-né
D'ombres évanescentes
S'enfuit à la dérive
Sur l'asphalte mouillé.
I-10
Guetter l'ébauche d'un sourire
Sur des visages absents...

TABLEAU 2

"Où va cet univers dérivé comme un cygne
Sur l'étang désiré où nos âmes remorquent
Toute une exhalaison d'horaires et de signes
Il est cinq heure (s) ici et midi à New-York !"
Léo FERRE

II-1
Chercher en vain
Une cible muette
Où planter sans regret
Cette rime naissante.

II-2
Une Femme
Entièrement nue
Détruit mon vers
A l'hémistiche
II-3
Se méfier des phantasmes
Rayonnants de soleil...
Ils ne durent que le temps
D'un soir aux antipodes...
II-4
Amour décomposé
En vingt-quatre fuseaux horaires
II-5
Poème cristallisé
Au point de non retour...
C'est la grande transhumance
Des mots
A l'assaut des phantasmes
II-6
Ton corps est cette plage
Sensuelle et désirable
Que vénère mon sexe...
L'encre de ce poème est à jamais
Indélébile.
II-7
Toute une vie passée
A rechercher celui
Qu'un décallage horaire
Eloignera de vous...
II-8
Et la vie se consume
En plaintes dérisoires.
II-9
Aujourd'hui se fait le désir
Plus sordide que la mort
II-10
A quoi bon fuir le sommeil
Alors même qu'il protège
Du doute d'exister

TABLEAU 3

"Nous avons fait des clairs de lune
Pour nos palais et nos statues
Qu'importe à présent qu'on nous tue
Les nuits tomberont une à une..."
ARAGON

III-1
La nuit sur toute chose
Reprend fatalement
Son étrange pouvoir

Alors se concrétisent
Les plus folles pensées
Les plus doux souvenirs...

Le monde purifié
Peut enfin devenir
Juissance nocturnale.

III-2
S'estompent les reflets du PARAITRE trompeur
III-3
La nuit est seule propice
A l'éclosion sans fard
De l'être en harmonie
Avec son devenir.

III-4
Ignoble tradition
Qui peupla la nuit
De puissance maléfiques

Car c'est au grand soleil
Que les démons agissent
Depuis toujours.

III-5
Les créatures de la nuit
Ne sont qu'Amour et Volupté
III-6
Car la grande aventure nocturnale
Est inscrite dans l'histoire de l'umanité
Depuis la nuit des temps.
III-7
Les mots n'ont qu'un pouvoir de mystification
Lorsque se meurt la chair
De ne savoir aimer.

III-8
Alors toutes les nuits de la création
Nuits passées
Nuits à venir
Condamnent le charlatan
De l'éternelle rime

Et meurent les poètes
Au contact des loups

III-9
Rien jamais ne saura empêcher
Les joutes nocturnales
De rêves affadis
Par des sexes vengeurs
Quand se font inutiles
Les mots atrophiés
Par des auteurs stériles

III-10
Et c'est la grande transhumance
Des mots
A l'assaut des phantasmes

Quand se ferme le livre
Le voyage commence